COMITÉ PARTICIPATIF D'ENFANTS ET DE JEUNES
L’idée de créer un CPEJ est née de l’ensemble des connaissances accumulées depuis plusieurs années par les chercheurs de la chaire « Prendre soin des enfants et des jeunes pour leur bien-être ». En effet, ces derniers ont acquis la conviction, grâce à leurs travaux, que même très jeunes les enfants ont une représentation de ce qui contribue à leur bien-être, et que la plupart d’entre eux sont capables de se positionner lorsqu’on leur demande de l’évaluer. Non seulement ils apparaissent particulièrement volontaires pour participer à ce type de démarche mais ils n’hésitent pas à exprimer leurs besoins, dès lors qu’on adapte notre façon de les interroger, qu’on les écoute et qu’on s’intéresse à leur point de vue. Nous souhaitons ainsi associer directement les enfants et les jeunes à la réflexion sur les différents projets portés par la chaire, qu’il s’agisse d’entamer de nouvelles recherches ou de diffuser les connaissances issues de ces travaux auprès des chercheurs, des professionnels et des enfants eux-mêmes. En effet, il nous semble essentiel, plus de trente ans après la ratification de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant, que les enfants puissent participer activement aux recherches portant sur des sujets qui les concernent directement. Cet objectif ne pourra être atteint qu’en réalisant des études avec et pour eux, et en leur permettant de participer à la diffusion des connaissances sur leur bien-être.
Le CPEJ tel que nous l’envisageons est un petit groupe de travail constitué de 12 enfants (6 filles, 6 garçons) volontaires âgés de 6 à 18 ans et de toutes origines ne faisant partie d’aucun autre comité et sans lien avec des élus. Seuls les enfants volontaires et dont les parents auront donné leur accord pourront participer au comité. Celui-ci se réunira 3 fois par an avec pour objectif d’accompagner les chercheurs membres de l’équipe d’animation de la chaire dans la réalisation de leurs travaux sur le bien-être des enfants en apportant leur expertise afin de faire émerger de nouvelles thématiques de recherche, de préciser les objectifs des études envisagées, de réfléchir à la méthodologie employée (outils, formulation des questions, traitement des données, etc.) et de participer à la valorisation des résultats (organisation d’évènements, journées d’étude, etc.).
Les réunions du comité ont lieu 3 fois par an sur une demi-journée, un samedi matin (environ 2 h de réunion + goûter auquel les parents sont conviés), dans les locaux de Nantes Université (pôle Humanités, chemin de la Censive du Tertre). Elles sont animées par des chercheurs et des professionnels formés à la conduite d’entretiens avec des enfants. Reposant sur l’utilisation de supports variés (photographies, dessin, cartes mentales, etc.), les réunions seront enregistrées afin de pouvoir retranscrire aussi fidèlement que possible les propos des enfants. Les données, anonymisées, pourront être utilisées afin de présenter les travaux du comité dans divers supports de communication (articles de journaux, de revues scientifiques, conférences, etc.). Une réunion préparatoire avec des membres de l’équipe d’animation de la chaire sera organisée au début de chaque année scolaire afin de préparer le recrutement des enfants, de planifier et d’organiser les différentes réunions du CPEJ et de distribuer l’ensemble des documents nécessaires aux professionnels impliqués dans le projet (documents de présentation, demandes d’autorisations, etc.)
Une première réunion, le 11 février 2023
La toute première réunion du comité participatif d’enfants et de jeunes a eu lieu comme prévu le samedi 11 février 2023.
Celle-ci a réuni 4 écoliers, 4 collégiens et 1 lycéen dans une salle de Nantes Université, sur le campus du Tertre. La matinée a débuté par un goûter de bienvenue. Au menu : mini-viennoiseries, jus de fruits, thé et café pour les adultes. Après ce moment convivial ayant réuni enfants, parents, étudiants et chercheurs, les membres du comité ont rejoint la salle de réunion où ils ont pu s’asseoir sur des chaises disposées en demi-cercle.
Les parents, eux, sont restés avec Tess, étudiante en thèse, et Virginie, du pôle Enjeux. Pour commencer, Fabien et Charlotte (les chercheurs) ont rappelé les objectifs du comité, le calendrier des rencontres et présenté le programme de la réunion. Les enfants jeunes et moins jeunes ont été informés que la réunion serait enregistrée « pour ne pas oublier », qu’on parlerait de leur travail sur internet et dans des articles scientifiques (sous forme de « résumé »), mais « qu’on ne donnerait jamais leur nom sans qu’ils soient d’accord ».
Ensuite, l’ensemble des membres du comité, dont Fabien et Charlotte, ont été invités à se présenter en se lançant tour à tour un ballon et en nommant quelque chose qu’ils aiment (« je m’appelle… et j’aime… »). Une fois les présentations terminées, la question « Sur quoi est-ce qu’il vous semble important que les chercheurs travaillent pour aider les enfants à se sentir bien et à mieux grandir ? » a été posée aux enfants. Un temps de réflexion leur a été donné pour y répondre sous forme de dessin ou d’écrit, selon leur choix. Pour ceux qui le souhaitaient, ils ont ensuite fait part de leur réflexion en présentant leur dessin ou en lisant leur écrit. Les enfants se sont montrés particulièrement enthousiastes à l’idée de partager leur point de vue.
Des thématiques telles que la santé mentale des jeunes, l’écologie, l’école inclusive, le harcèlement scolaire, la possibilité de prendre part aux décisions qui les concernent (choix des études, de l’établissement scolaire, du métier, etc.) ont été abordées. À la suite de ce brainstorming, les chercheurs ont présenté aux membres du comité un projet de recherche portant sur le vécu scolaire des enfants à Haut Potentiel Intellectuel (HPI), projet sur lequel Fabien travaille avec d’autres collègues. Ils leur ont expliqué que « certains enfants réfléchissaient très vite », qu’ils « avaient plus de facilités à apprendre » et qu’il arrivait que leur maître ou leur maîtresse leur propose de « sauter » une classe parce qu’ils s’ennuient à l’école. Fabien leur a alors demandé « d’imaginer comment ce serait pour eux s’ils étaient dans cette situation ».
C’est alors que l’objectif de la recherche, qui est de « savoir ce que les collégiens HPI pensent de la façon dont ça se passe pour eux au collège », leur a été présenté. Ensuite, les questions que les chercheurs impliqués dans ce projet envisagent de poser aux collégiens HPI ont été présentées une à une aux membres du comité afin de savoir ce qu’ils en pensaient, si elles étaient trop compliquées ou si elles risquaient de « rendre triste ou malheureux ». Les enfants se sont montrés très volontaires. Ils ont proposé de reformuler certaines questions parce qu’elles leur paraissaient redondantes, trop longues, difficiles à comprendre ou qu’elles risquaient de heurter les collégiens interrogés.
À la fin de ce temps d’échanges particulièrement riche et constructif, Fabien et Charlotte ont remercié l’ensemble des membres du comité pour leur participation et leur bonne humeur. Ils ont également rappelé l’importance pour eux de connaître leur point de vue sur des sujets qui les concernent. La date de la prochaine réunion leur a été rappelée et une carte de membre leur a été distribuée pour marquer leur investissement, mais aussi leur appartenance au groupe. Pour terminer les enfants ont visité un amphithéâtre et quelques salles de cours, accompagnés de leurs parents, afin qu’ils puissent mieux se représenter à quoi ressemble l’Université, là où travaillent les chercheurs.
