Histoire de l’adoption internationale : faits, archives et enjeux actuels

L’adoption internationale en France a suscité un intérêt croissant de la part de la société civile, des chercheurs et des médias, notamment depuis la médiatisation de certaines affaires emblématiques. En 2007, l’affaire de l’Arche de Zoé a marqué un tournant, mettant en lumière des pratiques contestées dans le cadre de l’adoption d’enfants à l’étranger.

Suite à ce scandale, l’historien Yves Denéchère publie en 2009 un article programmatique dans la revue Vingtième Siècle. Revue d’Histoire sur les sources et méthodes pour étudier l’histoire de l’adoption internationale. Cette démarche initie un passage progressif de l’historien de l’observation distanciée, figurant comme spectateur « sur le balcon », à une implication plus directe dans le débat public. Initialement, l’historien analyse à distance les acteurs, les processus et les enjeux de l’adoption, tout en soulignant la complexité du phénomène et la nécessité de croiser les archives, les témoignages et la presse.

Depuis, la demande d’expertise sur ce sujet s’est accrue, en particulier de la part des personnes adoptées souhaitant comprendre le contexte de leur parcours. Un rapport interministériel de mars 2024 s’appuie sur les travaux de Yves Denéchère et Fabio Macedo pour confirmer l’existence de pratiques illicites dans certaines adoptions internationales. Les travaux de l’historien sont ainsi sollicités dans des rapports officiels, ce qui l’amène à intervenir plus directement sur la scène publique et institutionnelle, répondant aux attentes des associations et des institutions.

Couverture de 20&21 Revue d'Histoire (Presses Sciences Po)

L’accès au texte intégral de cet article vous est offert par Yves Denéchère jusqu’au 06 juillet 2025

Les principaux acteurs concernés incluent les familles de naissance, les familles adoptantes, les personnes adoptées et les intermédiaires du processus. L’accès aux archives, notamment celles de la Mission pour l’adoption internationale (MAI), demeure difficile et soumis à des règles strictes d’anonymisation. Les associations de personnes adoptées se sont multipliées et jouent désormais un rôle important dans le débat public. Elles revendiquent une meilleure reconnaissance de leur statut et un accès facilité à la recherche de leurs origines. La multiplication des associations et leur implication croissante renforcent la dynamique d’engagement de l’historien, qui est appelé à collaborer avec les acteurs de terrain et à apporter son expertise.

Les travaux scientifiques sur les pratiques illicites ont été largement relayés par les médias, contribuant à la prise de conscience collective. Ce contexte a favorisé une réflexion approfondie sur les enjeux éthiques et historiques de l’adoption internationale. Le passage « du balcon à la scène » illustre ainsi la transition de l’historien entre l’analyse académique et l’engagement public, devenant un médiateur entre la recherche, la société civile et les institutions.

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