Filles et religieuses dans les internats de rééducation du Bon-Pasteur d'Angers (1940-1990)

Par David NIGET, Pascale QUICY-LEFEBVRE, Jean-Luc MARAIS et Béatrice SCUTARU.

Depuis le XIXe siècle, la congrégation du Bon-Pasteur d’Angers prend en charge les jeunes filles des classes populaires considérées comme dangereuses ou « incorrigibles ». Elle occupe rapidement une position de quasi-monopole dans la rééducation des filles jusqu’aux années 1960. Par la voie de la justice, l’État, même devenu républicain et laïc, délègue aux congrégations religieuses le soin de corriger les « mauvaises filles », afin de leur permettre « de contracter des habitudes d’ordre et de travail propres à les ramener à la vertu ». Ainsi, 8 000 enfants sont passées entre les murs du couvent de la seule maison-mère d’Angers entre 1940 et 1991, date de sa fermeture. Contestées de toutes parts au tournant des « années 68 », y compris par les jeunes elles-mêmes, ces institutions entrent en crise pour mourir à petit feu. Un modèle moral, éducatif et économique a vécu, sans être à même de se réformer à travers le temps et marquant de son empreinte la vie de dizaines de milliers de jeunes filles.

David Niget est enseignant-chercheur en histoire à l’université d’Angers, UMR Temos 9016 CNRS. Il travaille sur l’histoire de la justice des mineurs dans une perspective de genre.
Pascale Quincy-Lefebvre (†) était maîtresse de conférences en histoire à l’université d’Angers, spécialiste d’histoire de l’enfance vulnérable et des professions du social.
Jean-Luc Marais est enseignant-chercheur honoraire de l’université d’Angers et chercheur associé à l’UMR Temos 9016 CNRS. Il est spécialiste d’histoire religieuse.
Béatrice Scutaru est enseignante-chercheure à la Dublin City University, Irlande. Elle travaille sur l’histoire contemporaine de la jeunesse et des migrations juvéniles.

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